L’histoire de Katy

Quand la souffrance fait place à un projet d’amour

« C’était une nuit d’hiver. Écrasée, j’étais couchée dans mon lit, une fois de plus frappée et violée « par amour ». Oui, vous avez bien entendu, « par amour ». Je n’oublierai jamais ses propos : « Regarde ce que je t’ai fait, tellement je t’aime. ».  Je me souviens très bien en train de suffoquer et imaginant ma fille se réveiller un dimanche matin, crier en retrouvant sa maman sans vie … »

Le lendemain de cette nuit, Katy veut s’enfuir de son domicile conjugal, mais son conjoint est toujours là et a pris son portefeuille et les clefs de l’appartement ainsi que de sa voiture. Elle va alors sur le balcon en espérant que le voisin sorte pour fumer sa cigarette. Après des minutes d’hésitation – de peur d’être attrapée et punie par son conjoint – , elle demande à celui-ci d’appeler la police. Les agents de police arrivés, ils lui expliquent qu’ils ne peuvent pas expulser son conjoint puisque l’expulsion est uniquement pour les couples mariés et qu’ils ne peuvent pas recevoir une plainte pour viol alors qu’elle ne leur a pas remis un certificat médical qui atteste ses dires. Quelques heures plus tard, Katy a trouvé une voisine qui est restée avec ses enfants dans la voiture en attendant qu’elle raconte ce qu’elle a subi la nuit d’avant au médecin qui l’examine et atteste ses blessures. Le jour d’après elle se rend chez la police pour enfin faire sa plainte et y apprend que le certificat n’atteste pas médicalement le viol. Quelques semaines plus tard, quand Katy alertait la juge aux affaires familiales sur le comportement agressif et violent du père, celle-ci disait que – vu qu’il n’y a pas eu d’éloignement, les violences, même si attestées par un certificat médical, n’ont pas pu être si graves et il n’y a partant pas lieu de limiter le droit de visite du père à l’égard de son fils. Quelques années plus tard, une psychologue constate que le fils souffre sous le comportement instable du père et que la juge avait tort de ne pas écouter Katy.

Quand Katy a pris le courage de dénoncer les violences et de se protéger à elle et ses enfants, les institutions ont échoué et à la soutenir. Au contraire, de par leurs préjugés, leur ignorance et leur manque de connaissances, ils l’ont dérobé de toute chance de protection et de justice.

C’est là que Katy a créé Taboo : maintes institutions et associations parlent pour les victimes dans les domaines qui les concernent, mais les victimes elles-mêmes n’ont aucune voix et ne peuvent dénoncer l’ensemble des défis qu’elles rencontrent sur leur chemin de libération. Depuis la création en 2019, d’autres survivantes de violences domestiques et/ou sexuelles ont rejoint Katy et ont contribué à un collectif au sein duquel maintes femmes ont trouvé refuge, assistance dans leurs démarches sociales et juridiques et un réseau de support moral entre pairs. »